![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Le mobilier campaniforme de la vallée de la Loire se répartit sur 13 sites entre l'estuaire de la Loire et la commune de Mer dans le Loir et Cher, dont 4 sépultures collectives, 6 issus de dragages de la Loire, 1 site en coupe de falaise et 2 ramassage de surface. Il est composé de 28 vases dont 13 sont entiers ou reconstituables, 1 poignard en cuivre à rivets, 10 haches en cuivre, 3 pointes de Palmela et 2 brassard d'archer.
Le dolmen à cabinets latéraux de Saint-Michel-Chef-Chef, appelé le « Grand Carreau Vert » a livré des poteries apparentées au faciès Vienne-Charente de Riquet et Bailloud, trois flèches tranchantes, divers silex, un lissoir en grès, une hache polie en silex et une hache marteau en pierre dure perforée (P. de Lisle du Dréneuc, Matériaux, III, 3° S. 1886, p. 277 et suiv.). Dans la chambre Est, le fouilleur signale aussi une urne en calice (campaniforme sans décor ?). Nous ignorons si l'allusion de S. Piggot relative à un campaniforme du Grand Carreau Vert concerne ce pot ou un autre document méconnu (L'Anthropologie, LVIII, 1954, p. 26) signalé de toute façon par de Lisle du Dréneuc, mais non retrouvé par nous.
Fig. 1 Saint Michel Chef Chef: vase campaniforme (Musée Dobrée, Nantes).
Commune de Saint Michel Chef Chef.
Commune de Saint Michel Chef Chef. En coupe de falaise, site découvert par le Dr Tessier. Matériel, appartenant à plusieurs horizons archéologiques, parmi lequel se distinguent deux tessons campaniformes décorés dont l'un présente un décor incisé en "fermeture éclair" associé à des triangles pointe en bas au champ couvert de lignes parallèles à l'un des bords. Certains vases à cordon lisse, des mamelons bi ou triforés, des cuillers peuvent appartenir à ce groupe campaniforme (fig. 1). Un autre bouton triforé, associé à une fusaïole, provient de Biotelais-la-Chaussée au Clion sur Mer..
Fig. 2 La Roussellerie et le Biotelais-la-Chaussée: boutons bi et triforés, cuillers (d'après le Dr M. Tessier, Joussaume, 1986).
Commune de Saint Brévin les Pins.
Ramassage de surface.
Tumulus de Dissignac: quelques tessons de céramique campaniforme.
Commune de Saint Nazaire. Ramassage lors du creusement du bassin de Penhouët en 1867, à la confluence de la Loire et de l'ancien cours du Brivet.
Fig. 3 Trois vases (d'après Salanova, 2000).
Dolmen de la Roche, vers 2400-1900 av. J.-C., terre cuite (H. 11 à 19 cm), Nantes, Musée départemental Dobrée. Ces trois vases, richement ornés de cordons gravés et incrustés de terre blanche (kaolin), sont caractéristiques du Chalcolithique, cet âge du Cuivre qui voit se développer une civilisation brillante autour de l'estuaire de la Loire où les premiers objets de cuivre, peut-être importés du Portugal, sont associés aux premiers ors travaillés (Ancenis, Saint-Michel-Chef-Chef) et à de belles pointes de flèche à ailerons en silex. L'écuelle a été découverte sous un pilier de la chambre, un gobelet vers l'entrée et un autre gobelet dans le couloir.
![]() Fig. 5 L'écuelle ![]() Fig. 4 Photographie des trois vases ornés |
![]() Fig. 6 Dessin des trois vases(d'après Salanova, 2000). |
Dragage de la Loire. Récupération d'un poignard en cuivre.
![]() Fig. 7 Poignard en cuivre de Paimboeuf (d'après Baudouin, 1923). |
![]() Fig.
8 Dessin du poignard en cuivre pur de Paimboeuf
(d'après Baudouin, 1923). Echelle 1/2 grandeur. |
Dragage de la Loire. Récupération de neuf haches plates et d'une pointe de Palmela.
![]() Fig. 9 Quatre des haches plates en cuivre de Trentemoult (d'après Baudouin, 1923). |
![]() Fig. 10 Quatre des haches plates en cuivre de Trentemoult (d'après Baudouin, 1923). |
![]() Fig. 11 Trois haches plates en cuivre et une pointe de Palmela (d'après Joussaume, 1986). |
![]() Fig. 12 Javeline de Trentemoult (d'après Baudouin, 1923). ![]() Fig.
13 Dessin de la pointe de javeline de Trentemoult
(d'après Baudouin, 1923) |
Lors de l'été 1974, M. M. Michaud, de St Sébastien sur Loire (44), découvrait sur la commune de St Julien de Concelles (44) un petit lot d'objets provenant des dragages de la Loire. Il s'agit d'une hache plate, d'une pointe de Palmela et d'une petit aiguisoir perforé.
![]() Fig. 14 Pointe de Palmela (d'après Joussaume, 1986). |
![]() Fig. 15 Hache plate (d'après Joussaume, 1986). |
![]() Fig. 16 Aiguisoir perforé (d'après Joussaume, 1986). |
Ramassage de surface
Fig. 17 Brassard d'archer d'après Joussaume, 1986.
Dragages de la Loire, en aval du pont d'Ancenis à la sablière de l'île Verte
![]() Fig. 18 d'après Salanova, 2000. |
![]() Fig. 19 d'après Salanova, 2000. |
![]() Fig. 20 d'après Salanova, 2000. |
Dolmen de la Pierre Couvretière: sépulture mégalithique contenant dix individus inhumés.
Fig. 21 d'après Salanova, 2000.
Allée couverte de Pontpiau. Sous l'ensemble gallo-romain et constituant les parois de la fosse, une épaisse couche de couleur plus claire, stérile dans sa partie supérieure contenait vers sa base un semis diffus de mouchetures charbonneuses dans une terre plus orangée. C'est ce niveau piqueté de charbons qui a donné des tessons de poteries campaniformes permettant de reconstituer deux vases (fig. 4). Le vase A se trouvait le plus dispersé : en sept points différents depuis la cloison jusqu'au chevet. Le fond entier avec un bon départ de panse reposait sur une pierre plate placée elle-même sur la dalle de cloison effondrée (dalle 9). Le plus grand morceau de panse était 20 cm en avant. Le vase B, beaucoup moins dispersé, en trois points seulement, était placé en presque totalité, entre la dalle 9 et sa voisine 10, également abattue. Le fond reposait à plat sur une petite pierre et le flanc s'appuyait contre la dalle 10 inclinée (voir coupe EF). De cette disposition et du niveau charbonneux correspondant à ces deux vases et qui passe par dessus la cloison effondrée, on peut conclure avec certitude que la porte était déjà dégradée lorsque ces deux vases campaniformes furent placés là. Ces deux vases sont de profil très voisins. Larges et évasés ils s'inscrivent dans un carré. La panse est haut placée et assez anguleuse. Certains qualifieraient ces formes de rhénanes par opposition à des vases à panse basse et très arrondie de forme dite bretonne. Mais l'un et l'autre type se rencontrent en Armorique (L'Helgouach, 1963). La pâte est fine, micacée, et le lissé excellent pour le vase В qui est de teinte chamois légèrement violacée. La pâte de A plus fragile a perdu son lissage sur presque tous les tessons. Elle est beige assez fortement orangée. Le décor de В est dit pan-Européen : bandes hachurées obliquement, séparées par des bandes lisses. On notera la négligence de ces incisions trop obliques, irrégulières, dépassant parfois le registre. Le décor de A est d'incisions horizontales parallèles, par endroits capricieusement interrompues en tireté. L'un et l'autre de ces décors respectent de loin le rebord et le fond, ce qui serait un caractère assez armoricain (Riquet R., Guilaine J. et Coffyn A., 1964).
Fig. 22 Allée couverte de Pontpiau. Vases campaniformes.
Dragages dans la Loire. Ce gobelet est
réduit à un seul tesson, de bonne
taille, il est vrai, mais qui ne nous livre pas,
malheureusement, le profil complet de ce vase
par défaut à la base. Ce tesson a
été récolté par
l'excellent géologue Arnaud, de Longue
(M.-et-L.), sur les déblais de curage et
d'élargissement de la petite rivière l'Authion,
en Vivy,
mais près du lieu-dit le Gué d'Arcy
situé lui en
St-Martin-de-la-Place. L'Authion, affluent de rive
droite de la Loire, reste parallèle à celle-ci
pendant presque tout son cours et la rejoint à la
longitude d'Angers. Le Gué d'Arcy se trouve
45 km en amont, presque au méridien de Saumur.
Le tesson campaniforme a été
récolté à 50 m en amont
du pont et en rive droite. L'alluvion qui le contenait est un gravier
à éléments grossiers remaniement d'une
terrasse voisine et plus ancienne.
Extérieurement ce tesson est d'une couleur
grise très foncée avec, cependant, quelques
rousseurs oxydées vers le bord. Il est un peu plus
brun sur la face interne. Ces teintes ne sont que
superficielles, une cassure récente montre que
la pâte, dans l'intérieur, est d'un noir d'encre.
Le séjour dans le lit sableux de la rivière a
altéré
le beau lissage habituel chez les campaniformes
qui ne subsiste qu'en un point minuscule où il
est très noir.
Cette action n'a pas trop abîmé le
décor.
La surface est donc rude et le dégraissant bien
visible partout et même en léger relief. Il est
formé surtout de grains de quartz de deux
sortes ; les uns transparents, à éclat
légèrement
noirâtre, les autres blancs plus opaques. Les uns
et les autres sont, pour la plupart, émoussés
luisants. Assez mal triés, les plus gros grains ont
1,5 mm de diamètre, mais, en majorité, ils sont
beaucoup plus petits. Les feldspaths semblent
très rares. Il y a des micas nombreux, noirs,
très
fins. Nombreux aussi de minuscules grains
noirs indéterminés. Un dégraissant
végétal a dû
aussi être mélangé à la
pâte car il y a de nom
breux petits trous allongés et, dans l'intérieur
de deux des plus gros, l'argile a moulé des fibres
parallèles. Le tesson orienté, trois points du
bord étant
placés dans un plan horizontal, permet de constater que
l'ouverture, à en juger par la courbe
du segment de bord conservé, est de 16 cm. La
largeur à la panse est, très probablement,
légèrement inférieure. La hauteur
estimée est d'environ 16 cm. Même en supposant un
fond hyperaplati
cette hauteur ne peut être réduite à
moins
de 14,5 cm. Ce vase est donc un gobelet assez
élancé. Les chiffres
précédents nous conduisent
à un indice compris entre 90 et 100 qui le rangerait dans le
type « maritime méditerranéen
» de
del Castillo.
Le profil est en S, à courbes
atténuées presque exactement
symétriques ; le col est donc
haut et la panse, arrondie, est basse sans être
toutefois très basse comme elle l'est dans certains gobelets
bretons. De toutes façons, elle
n'est pas rhénane, n'étant ni haute ni anguleuse.
Le fond manque.
Le décor comporte, en partant du haut :
— une bande de courtes hachures verticales en
palissade ; cette bande est située très haut,
près du
bord, et limitée, en bas, par une ligne horizontale ;
l'usure du pot dans l'eau sablonneuse a probablement
fait disparaître une limite supérieure analogue ;
— une large zone réservée de 4 cm de
haut pour
le col ;
— une zone décorée centrale
délimitée, en haut,
par une série de triangles disposés pointe en
haut,
formés de hachures verticales non
délimitées par
un bord ;
— suivent, dans l'ordre, bordés de lignes
horizontales continues et séparés par des bandes
non
décorées :
— une échelle étroite à
hachures verticales analogue à celle du bord,
— un damier allongé horizontalement,
formé de
deux rangs d'échelles intercalées de rectangles
réservés,
— deux échelles continues,
— une série de triangles, pointe en bas, analogues
à ceux bordant, en haut, le décor central.
La courbure indique que l'on est tout près du
fond et que la décoration est ainsi complète.
Ce décor est fait par impression au peigne. Les
lignes horizontales paraissent incisées, mais, en
regardant de près, on s'aperçoit que le trait
n'est
continu qu'en surface et le fond de la gorge est
coupé par de petites cloisons en relief,
régulièrement espacées, comme si l'on
s'était servi d'un
peigne aux dents extrêmement usées de moins
d'un millimètre de longueur. Les
échelles aussi ont dû être faites au
peigne, et
non par incisions effectuées une à une ; toute
une série de 16 incisions verticales est maladroitement
située plus haut que la bordure qui aurait
dû les limiter vers le bas ; une tentative de
correction semble avoir été faite par une timide
ré-application du peigne en bonne place. Pour les damiers le
nombre de barreaux est
variable, de 9 à 13. Ceci implique : ou un peigne
ayant très peu de dents et ré-appliqué
avec
chevauchement, ou un peigne à bord courbe,
voire même une roulette. Les triangles des bordures
supérieure et inférieure ont un hachurage
vertical très irrégulier. Ils ont
été exécutés par
impression de façon assez négligée.
Leurs contours ont dû être marqués
initialement, mais le
hachurage les a débordés et effacés,
sauf en un
point. Ce hachurage, très légèrement
oblique, a
été obtenu en deux fois. Une première
série
d'impressions sur la base des triangles, une
seconde série complétant les triangles vers leur
sommet par des impressions d'inégale longueur,
obtenues par enfoncement inégal, oblique, d'un
angle de baguette équarie ou d'esthèque. Au total
nous avons un décor harmonieux,
quoique très simple, puisque constitué de
hachures verticales comprises dans ces registres horizontaux qui sont
de règle quasi-immuable chez
les campaniformes.
Fig. 23 Vase campaniforme.
Dolmen du Bois Brard. Un poignard en cuivre.
Ossuaire mégalithique au
lieu-dit La Grézille, à 300 m au Nord du village
de Saumoussay, commune de Chacé. En ce point le coteau
descend vers l'Ouest, en pente douce, jusqu'aux prairies inondables
de la large vallée, du Thouet. Celui-ci coule en direction
du Nord 8 km encore, jusqu'à Saumur, où il se
jette dans la Loire.
Ce vase est une jatte campaniforme, large et basse dont le fond bombe intérieurement. Le décor occupant les deux tiers supérieurs de la panse est formé d'une bande lisse en chevrons réservée entre des triangles alternés hachurés horizontalement au poinçon. Deux séries de petits carrés dessinés de la même façon bordent l'ensemble. La pâte fine, bien cuite, brun rougeâtre, contient de rarissimes petits micas. Le lissé est parfait ; les 22 morceaux restituent les trois cinquièmes du vase ; 6 tessons ont été trouvés dispersés, les autres étaient restés jointifs, adhérents au contenu légèrement concrétionné que l'engin avait transporté sans le disloquer. Ce contenu était formé d'ossements calcinés blanchâtres trop fragmentés pour que l'on puisse aisément reconnaître autre chose qu'une poulie de métapode de chèvre ou de mouton.
Fig. 24 Ecuelle campaniforme.
Une pointe de Palmela trouvée à Glatigny sur la commune de Mer, Loir et Cher. L'analyse métallurgique a montré que cette pointe en cuivre a un taux de 2,5% d'arsenic.
Fig. 25 La pointe de Palmela d'après Cordier, 2009.